Le Parcours de la Méthode
J’étais à l’aube de ma carrière, se souvient-il. Mais j’ai décidé qu’un jour, moi aussi, j’entreprendrai un voyage au long cours à la voile. Et je n’ai jamais dévié de cet objectif.
A bord de leur Nautitech 44 Open Solaris, Axel et Lisbeth Jepsen appliquent à leur grand voyage un savoir-faire infaillible : réfléchir, anticiper, préparer puis agir. En près de 20 000 milles ils n’ont pas eu à déplorer la moindre avarie.
"Le Nautitech 44 Open s’est imposé facilement. Conciliant performances, confort, espace et solidité structurelle, il avait aussi l’avantage d’être plus abordable que les unités exclusives"
Un endroit inattendu
C’est l’un des endroits les plus inattendus de la planète mer. Une de ces zones redoutées des marins depuis des siècles et des circumnavigateurs depuis des décennies. On l’appelle le Cap Horn des Caraïbes et certains, qui y ont fait naufrage, se sont demandés s’il n’aurait pas fallu au contraire baptiser le célèbre cap patagonien de Cabo de la Vela des Hautes Latitudes. Au nord-ouest de la péninsule colombienne de la Guajira, les fonds remontent brusquement et la côte sud-américaine, d’où les hauts sommets ne sont guère éloignés, crée une compression orageuse où l’alizé accélère et devient fou.
Axel et Lisbeth savaient à quoi s’attendre
Ces deux-là sont du genre méthodique, modèle rigoureux. Le vent dépasse maintenant les cinquante nœuds. Cela fait des heures que cet aspirant cyclone refuse de descendre au-dessous de la force 8. Le gréement sifflait ? Il ronfle maintenant comme un fauve enragé. Et pourtant, Solaris, leur Nautitech 44 Open ne porte plus qu’un minuscule bout de foc, soigneusement roulé. La mer des Caraïbes n'a plus rien à voir avec les ondes turquoise qu’ils ont laissé derrière eux en quittant Sainte Lucie. C’est devenu un fauve enragé, avec des creux de six mètres et plus, des lames abruptes qui se croisent et déferlent sans discontinuer. Le ciel est gris et bas. La nuit, les éclairs zèbrent l’horizon. Solaris s’envole dans des surfs spectaculaires, il dépasse régulièrement les vingt nœuds et affiche même un run record à 20,9 nœuds.
Axel n’est pas inquiet. Lorsqu’il a pris possession du bateau, en octobre 2023 à La Rochelle, il s’est aussitôt lancé dans la traversé du Golfe de Gascogne, avec pour seule compagnie un convoyeur professionnel. La vaste cuvette qui s’étend de Bretagne en Galice n’est pas non plus avare en traîtrises ni en coups de vent soudains, surtout en Automne. Comme de juste, Solaris a eu à affronter sa part de vents de force 6 à 7. Mais Axel, qui découvrait le comportement de son nouveau catamaran n’a pu que s’émerveiller. La vitesse, le confort et la sécurité de son nouveau voilier l’ont ravi.
« Je n’avais pas eu le temps d’essayer le bateau avant, ce qui est inhabituel pour moi. Mais je l’avais soigneusement sélectionné sur des critères très rigoureux. Et j’avais visité l’usine de Rochefort. J’avais pu jauger de la qualité et de la solidité de sa structure. »
Un bagage en main
Axel n’est pas un rêveur. Cet ingénieur en mécanique possède un solide bagage, aussi bien technique que nautique. Natif de la côte ouest du Danemark, il a découvert la voile vers ses douze ans.
« C’est un endroit un peu similaire à Brest, estime-t-il. Très venté et souvent difficile : la mer du Nord peut être méchante. »
A bord d’un très vieux dériveur, il a connu la joie des surfs endiablés. Il avait dix-huit ans quand l’affaire est devenue plus sérieuse. Il sautait d’un bord à l’autre dès qu’il le pouvait et dévorait livres et revues spécialisées. A 24 ans, diplôme en poche, il a traversé l’Atlantique pour la première fois. Son père, qui avait possédé divers solides monocoques suédois ou danois longs de 35 à 42 pieds, l’a emmené découvrir le grand large.
Mer du Nord, Manche, Atlantique, Caraïbes, Floride, Bahamas…
C’était une autre époque, sans GPS, sans dessalinisateur ni eau chaude à bord. Mais ce fut une révélation.
« J’étais à l’aube de ma carrière, se souvient-il. Mais j’ai décidé qu’un jour, moi aussi, j’entreprendrai un voyage au long cours à la voile. Et je n’ai jamais dévié de cet objectif. »
Conscient qu’un tel projet exige un financement sûr, le jeune ingénieur a commencé à investir une partie de ses premiers revenus dans des firmes qu’il jugeait profitables. Avec la même rigueur scientifique, il a identifié clairement ses étapes et ses besoins.
Affecté en Suisse durant quatre longues années, l’éloignement de la mer ne l’a pas détourné de son rêve, bien au contraire. Il a poursuivi sa préparation avec patience et sérieux. Avec son épouse, il a acheté un monocoque de trente-deux pieds. Et, durant les vacances, tous deux ont exploré les côtes et archipels de Suède et de Norvège. Difficile de trouver destinations plus exigeantes en termes d’entraînement et de préparation.
« Il faut être très prudent dans ces parages. La navigation y est souvent très difficile, entre manque de visibilité, mers dures, courants puissants et coups de vent féroces, les pièges sont partout. Certes, les paysages sont à couper le souffle, mais les erreurs ne pardonnent pas. »
Test réussi !
Après ce test réussi, Axel et Lisbeth se sont autorisé des navigations moins exigeantes. Ils ont troqué leur monocoque contre un catamaran de très grande série, long de 38 pieds. A son bord, ils ont croisé en Méditerranée occidentale, accumulant milles et expériences de la navigation en multicoque, entre péninsule ibériques et Baléares.
En 2022, ils ont décidé que le moment de partir était arrivé. Et compris que leur brave cata n’était plus adapté à un voyage autour du monde. Axel voulait une unité un peu plus grande, plus performante et surtout, beaucoup plus solide. Lisbeth voulait plus de confort et plus d’espace. Axel rêvait d’un 45 pieds de haut de gamme, Lisbeth penchait pour les modèles cosy comme des bungalows flottants.
Il fallait trouver un compromis.
Le Nautitech 44 Open s’est imposé facilement. Conciliant performances, confort, espace et solidité structurelle, il avait aussi l’avantage d’être plus abordable que les unités exclusives.
Axel a équipé leur nouveau compagnon selon ses vœux : 1 750 watts de panneaux solaires sur le roof, un congélateur et deux réfrigérateurs, l’indispensable dessalinisateur. Mais il s’est passé de générateur. En revanche, il a opté pour une puissante motorisation avec deux fois 50 chevaux. « Quand il faut manœuvrer dans les marinas, surtout quand le vent souffle fort, il n’y a pas d’alternative : il faut une puissance importante. Et je ne me suis pas trompé. Avec cette motorisation, le 44 est vraiment un bonheur à manœuvrer. Grâce à ses profonds safrans et à la proximité des hélices idéalement placées juste devant le bord d’attaque, sa maniabilité est remarquable. »
Aucun doute, Axel sait ce qu’il veut.
Fidèle à sa méthode, Axel ne s’est pas emballé pour autant...
La traversée du Golfe de Gascogne jusqu’à Lisbonne l’a convaincu de la sûreté de ses choix. « 25-30 nœuds de vent ? Ce n’est même pas un sujet. Le bateau passe magnifiquement, il réagit parfaitement. La seule chose inattendue, c’était sa vitesse. »
Axel était aux anges. Mais fidèle à sa méthode, il ne s’est pas emballé pour autant. Il avait décidé de pousser jusqu’à Almeria, près de Malaga. Et bien entendu, exploré sous tous ses angles la question de l’éventuelle rencontre avec les orques mangeuses de safrans qui sévissent dans ces parages. Après mûre réflexion, il a décidé de longer au plus près la côte africaine. « En voile, il faut longuement réfléchir avant d’agir et toujours placer la prudence en exigence prioritaire. »
Le vent leur a fait défaut pour rejoindre Las Palmas, aux Canaries. La traversée a duré cinq jours. Cinq nœuds de moyenne pour un 44 Open qui atteint le double sans forcer n’a effectivement pas de quoi entrer dans les annales. Et pourtant, abattre près de cent vingt milles par 24 heures dans le tout petit temps reste une performance pour un voilier de tour du monde.
A Las Palmas, Solaris s’est joint à la flotte de l’ARC. Décision surprenante pour un marin aussi aguerri ? Non pas. Choix logique pour un navigateur qui connaît ses limites et ses exigences. Le simple fait de conformer son bateau aux règles d’armement de sécurité très strictes exigées par l’épreuve constitue à ses yeux une sorte de garantie de préparation irréprochable. D’autant que Solaris s’est engagé dans le World ARC, le tour du monde des croiseurs, qui doit le mener au moins jusqu’en Australie.
Traversées océaniques
Lisbeth ne souhaitant pas effectuer les longues traversées océaniques, Axel s’est entouré de deux équipiers pour sa transat vers Sainte Lucie, atteinte en dix-neuf jours après une première semaine très peu ventée. A l’arrivée, ils auraient pu profiter à plein de leur escale caraïbe. Le bateau était comme neuf, il n’avait pas subi le moindre dommage. Mais la maladie de sa mère a contraint Axel à retourner au Danemark, tandis que l’agent Nautitech de Martinique prenait soin de leur catamaran.
Au lendemain de Noël, Solaris a mis le cap sur Santa Marta, au nord de Carthagène, en compagnie des autres voiliers du World ARC.
A l’approche des côtes colombiennes, le vent forcit considérablement et la mer se creuse. L’affaire aurait pu tourner vinaigre. Mais le bateau se comporte magnifiquement.
« Nous n’avions presque plus de toile, mais le pilote automatique en mode vent menait le bateau à la perfection. Dans ces conditions, le mode vent est très précieux. Il permet au bateau de suivre les bascules de vent sans risquer l’empannage intempestif ou le départ au lof. Grâce à cela, les conditions de vie à bord sont restées excellentes. »
Il faut dire qu’Axel s’est servi très intelligemment de Starlink, son système de connexion à Internet par satellite. « Dans ces régions, les cartes météo manquent de précision. Je téléchargeais les cartes radar sur lesquelles on voyait très bien les orages, les grains les plus violents et les précipitations les plus abondantes. Nous avons ainsi pu éviter les systèmes les plus actifs. »
Il suffisait de placer les images satellites en « overlay », en superposition, sur la carte marine pour obtenir une vision très claire des différents systèmes.
Plus tard, aux Tuamotus par exemple, Axel utilisera Google Earth pour remédier au manque de précision des cartes au moment de négocier les passes les plus délicates…
Mais auparavant, après Santa Marta où ils sont arrivés sans la moindre casse à signaler, ils ont mis le cap sur les San Blas, pour un bref arrêt d’une dizaine de jours, avant de franchir le canal de Panama, à nouveau sans rien à signaler. Départ de Cristobal à 3h00 du matin, passage des écluses à couple d’un cata à tribord et d’un monocoque à bâbord, traversée tranquille du lac de Gatún grâce aux deux cinquante chevaux, et l’affaire est pliée en une journée.
Niue ?
Axel et Lisbeth racontent tout cela depuis le mouillage de Niue. Niue ? Comme tous les circumnavigateurs qui ont préparé leur voyage avec minutie, ils s’étonnent presque de notre étonnement. Niue ? « Oui, c’est une île entre Bora Bora et les Tonga ». Mais bien sûr ! Ça ne vous dit rien ? C’est pourtant l’une des plus grandes îles coraliennes du monde. Toujours rien ? Elle est située par 19°3,3 Sud et 169°48 Ouest, à 1046 milles de Bora Bora, cap au 262°. Et à 320 milles des Tonga… Elle compte 1700 habitants. Et Niue est si connue des voiliers en transpacifique que son mouillage sous le vent est équipé de corps morts !
C’est ainsi qu’Axel et Lisbeth, à bord de leur Nautitech 44 Open Solaris nous font rêver. Après les Galapagos, atteintes en deux semaines sans aucune difficulté -et sans avarie, cela va sans dire- la traversée vers les Marquises n’a réclamé que seize jours, avec des journées à 200 milles par jour durant la première semaine. Là encore, Axel avait soigneusement préparé son coup : cap plein sud en quittant les Galapagos, puis plein ouest pour profiter au mieux des courants et des alizés de sud-est.
La vie à bord était un enchantement et Axel en parle avec des étoiles dans les yeux.
« Nous prenions nos repas comme à la maison, la pêche nous permettait de manger frais. Nous pouvions dormir tout notre saoul. Nous étions au paradis… »
Ensuite cap sur Tahiti, via les Tuamotus, puis Bora Bora et Niue, avant le départ pour l’Australie, via les Fiji, où le bateau restera huit mois aux bons soins de l’agent Nautitech local.
L’absence totale du moindre incident, de la plus bénigne avarie ou de la plus légère casse leur permet, contrairement à beaucoup, de profiter à plein des escales parfois un peu trop brèves du World ARC.
A ce niveau, c’est plus qu’un savoir-faire, c’est un art.
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